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Diapason # 578 (03/2010)
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Mirare
MIR102


Code-barres / Barcode:
3760127221029 (ID16)
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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Gaëtan Naulleau
 

Par la plénitude qui s’en dégage à chaque instant, et qui doit autant au geste large du chef qu’à la palette superlative de son orchestre, ce Magnificat émerveille. L’effervescence harmonieuse du choeur initial (une voix par partie) déploie un polyptyque supérieurement ouvragé, un retable de maître flamand baigné dans la chaude lumière de l’annonciation et solidement charpenté. Monumental mais jamais intimidant. Accueillant. Et fascinant quand les trois voix du Suscepit Israel entrelacent leurs arabesques sous l’affirmation hiératique des deux hautbois à l’unisson — qui d’autre, sinon Gardiner (Philips), a connu cet état de grâce?

Juste avant, l’Esurientes de Carlos Mena est, sans surprise, un joyau. Sans surprise, car les apparitions du contre-ténor espagnol dans les précédents disques Bach de Pierlot (cf. nos 550 et 568) témoignaient de la même intelligence, de cette sensualité pudique, de ce tact. Et dire qu’il n’a toujours pas enregistré les grandes cantates pour alto de Bach!

L’Esurientes et le Suscepit Israel nous renvoient à l’album de Paul McCreesh... dont ils étaient les deux points faibles (Archiv, Diapason d’or, cf. n° 547). Mais le chef du Gabrieli Consort, à son meilleur, apportait au choeur de solistes la seule qualité qui lui manque chez Pierlot : la tension « concertante», le sens de l’émulation, à la fois au sein du quintette et face aux instruments. Les chanteurs anglais étaient plus affirmés individuellement, sans pour autant mettre l’édifice en péril; l’équipe de Pierlot offre une homogénéité toute polyphonique, qui intègre les voix au coeur de l’orchestre somptueux (volonté manifeste, aussi, dans la prise de son) et fait basculer le « centre de gravité expressif » de certains airs vers les instruments (Et exultavit, Quia respexit). D’un côté, un théâtre ardent, parfois vertigineux de l’autre, cette plénitude qui nous avait séduit d’emblée, mais qui nivelle aussi certains reliefs d’une composition spectaculaire. Précisons que Pierlot accomplit son oeuvre à la (quasi) perfection, et que le choix est grandement affaire de goût. Le nôtre penche pour l’équipe anglaise, d’autant que la messe donnée en complément du nouveau disque nous semble moins inspirée (le Purcell Quartett en a gravé une excellente version, également avec solistes, pour Chandos).

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