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Diapason # 605 (09/2012)
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Ricercar
RIC323



Code-barres / Barcode: 5400439003231 (ID239)
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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Gaëtan Naulleau
 

C’est un disque que nous aurons plus aimé à chaque écoute — mais aimé dès la première. Rien n’y affiche le génie, le renouveau, le perfectionnisme: Leonardo Garcia Alarcon, chef charmeur, mise plutôt sur le plaisir convivial de jouer une musique dont son équipe a assimilé le moindre détail et dont la subtilité s’épanouit sans manières. Les quatre chanteurs font de la cantate ciselée par Böhm (1661-1733) sur un extrait du Cantique des cantiques un pur délice, Belle idée du compositeur, débuter chaque section par les mêmes mots, mais sous un éclairage différent: « Mein Freund ist mein urid ich bin sein », mon ami est mien et je suis sienne. Soit une vaste litanie amoureuse.

On retrouve ces paroles au milieu du chef-d’oeuvre de Johann Christoph Bach (1642-1703), enfin reconnu et régulièrement enregistré. La musique s’ouvre sur une exclamation attendrie de la basse (« Que tu es belle, ô ma compagne ! Détourne tes yeux car ils me rendent fou ») à laquelle répond la fiancée, et culminera dans la vaste chaconne « Mein Freund ist mein... ». Impossible d’oublier le violon de Reinhard Goebel (Archiv) dans le solo qu’il portait à des paroxysmes inouïs (« car je suis malade d’amour »). Mais Stephanie de Failly (violon) et Mariana Flores ne nous le font pas regretter tant elles s’en écartent; l’accumulation ornementale et les répétitions incessantes de la basse ne sont plus les manifestations d’une quête obsessionnelle mais la douce errance d’une rêverie. La soprano argentine — madame Garcia Alarcón à la ville — est décidément l’une des plus attachantes de notre petit monde baroque. Comme cela coule de source !, et jamais à la surface des mots. L’émulation vive du dialogue illumine la BWV 196, cantate du jeune Bach pour un mariage. Cantus Cölln (HM) n’était pas moins intéressant ici... mais moins souple assurément. Le programme se termine par l’une des pages les plus curieuses de Bach: le Quodlibet BWV 524, plaisanterie pour quatre voix sur un texte proliférant du coq à l’âne, gourmand d’énumérations et de joyeuses grossièretés. L’oeuvre est assez longue, et l’humour rarement discogénique: mais avec de l’esprit et du métier, Garcia Alarcón et les siens lui rendent enfin justice.

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