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Diapason # 605 (09/2012)
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Ricercar
RIC325



Code-barres / Barcode: 5400439003255 (ID238)
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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Denis Morrier


Figure majeure — par son talent, son invention, son rayonnement — mais discographie clairsemée... Pauvre Adriaen Willaert! Et bienheureux Willaert, quand il est servi par la Capilla Flamenca en grande forme. Alors son génie ne fait aucun doute.

En poste à San Marco de Venise, il fut le protagoniste de l’essor extraordinaire de la capella qu’il dirigea de 1527 jusqu’à sa mort. Ses compositions d’un style inouï allaient devenir la signature musicale du lieu, Si l’architecture particulière de l’édifice a toujours invité les chantres de San Marco à une pratique polychorale, Willaert la modernisa : l’ancienne pratique de l’alternance entre deux choeurs (salmi in riposte, ou antiphonie) fait place à des tuilages » (cori spezzati) où les deux choeurs s’opposent, se superposent voire se mêlent. La pratique sera systématisée par Andrea Gabrieli et son neveu Giovanni.

Le programme de l’album est magnifiquement conçu et interprété. D’ne extrême variété, les pages retenues (tirées de recueils de 1542, 1550, 1555 et 1559) témoignent des diverses techniques d’écriture pratiquées par Willaert. Trois psaumes adoptent le dialogue in riposte (Dixit Dominus, Laetatus sum et Nisi Dominus) ; ils ont été composés à quatre mains, Willaert et son collègue Jachet de Mantoue assumant chacun un des deux choeurs En revanche, le Laudate pueri et le Lauda Jerusalem (du seul Willaert) adoptent la technique des con spezzati. Les autres motets illustrent la polyphonique imitative emblématique de l’Ars perfecta franco flamand de la Renaissance. Quelques pièces d’orgue (une toccata de Padovano et des de ricercari  de Willaert), restituées avec moult raffinements d’articulation et de registration par Jordis Verdin, ponctuent la liturgie vespérale.

Il faut saluer l’interprétation sans compromis de la Capilla Flamenca. Ce magnifique ensemble de voix masculines a choisi le pur a cappella, sans aucune doublure instrumentale ou d’orgue. Sa plastique (souplesse dynamique, soin apporté à l’expression du texte et aux oppositions de texture) instaure une lisibilité du contrepoint et une variété de couleurs perpétuellement admirables.

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