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Diapason # 612 (04/2013)
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Ricercar
RIC333



 Code-barres / Barcode : 5400439003330

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Denis Morrier
 

Un disque pionnier ! Quand prolifère le cross-over berceur entre cultures, styles et époque, ce projet sans fioriture ni concession relève du militantisme le plus inspiré. Baptiste Romain et son ensemble se proposent d’explorer les différents répertoires polyphoniques où aurait pu être intégré, à l’aube de la Renaissance, le « vyolon » (suivant sa première dénomination, relevée en 1523 à la cour de Savoie). Née en Italie du Nord, sa facture dérive autant du rebec, de la lira da braccio que des vièles polyphoniques de la fin du Moyen Age. Son timbre a conservé les riches résonances de ses prédécesseurs, en leur apportant une plus grande précision d’attaque et d’émission, le rendant plus performant dans le jeu rapide et orné. Sa présence est attestée dans les cours aristocratiques de l’arc alpin, tout comme dans les confréries vénitiennes. Il semble donc naturel qu’il ait été employé dans des ensembles jouant des répertoires da camera, tant profanes (madrigaux et chansons) que spirituels (motets et laudes).

Baptiste Romain a bâti un programme riche et varié, autour de ces quatre genres, évoluant du contrepoint sévère des franco-flamands de la fin du XVe siècle (Obrecht, Regis, Josquin) vers le style plus amène des frottolistes d’Italie du Nord (Tromboncino, Lurano). Les madrigaux et les chansons sont souvent parés de diminutions virtuoses (empruntées à Ganassi et Bassano). Enfin, deux séries de balli italiens (de Francesco Bendusi) viennent rappeler l’association habituelle du violon aux répertoires chorégraphiques renaissants, plus en raison de l’écriture polyphonique de ces compositions que d’une quelconque « prédestination » originelle de cet instrument pour la danse (cette idée reçue est plus appropriée à la fin du XVIe et au XVIIe siècles).

L’interprétation de Baptiste Romain, disciple de l’éminent Randall Cook, est à la fois sobre et souveraine. Virtuose sans jamais être démonstratif, il modèle chaque ornement pour élaborer un discours à l’éloquence raffinée autant que rigoureuse. Intonation et justesse sont d’une pureté transparente. Enfin, le soprano limpide de Sabine Lutzenberger apporte un surcroît de sens à ce beau concert de six instrumentistes aux sonorités variées, mêlant luths, guitares, flûtes, viola d’arco et violons. On aime la rythmique des danses, admirablement galbée sans recours aux percussions. Enfin!

Un programme passionnant supérieurement interprété, et un apport innovant dans l’histoire discographique de la musique ancienne.

 

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