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Opéra Magazine # 104
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Hyperion
 CDA68035




Code-barres / Barcode : 0034571280356 (ID420)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Michel Parouty
 

Merveilleuse carrière que celle de Marie Feil( 1713‑1794), et qui méritait bien l'hommage que lui rendent Carolyn Sampson et Jeffrey Skidmore, toujours prêts à défendre le répertoire français, Pendant plus de vingt ans, de 1734 à 1758, Marie Fel fut l'une des étoiles de l'Académie Royale de Musique, et l'une des interprètes inspirées de Rameau ‑ elle incarna la FoIie de Platée, lors de la création, elle fut aussi Télaïre dans Castor et Pollux ; et le compositeur écrivit spécialement pour elle le rôle de Parthénope dans la reprise des Surprises de l’Amour. Elle consacra également une grande partie de son activité à la musique sacrée, et se produisit régulièrement au Concert Spirituel, créant de nombreuses partitions de Lalande, chantant aussi Fiocco, Mondonville …

Ce que rappelle le programme de ce disque, intelligemment conçu et riche en raretés, témoignant aussi de l'évolution de la musique française dans ces décennies ‑ le style de Louis Lacoste est encore proche de celui de Lully, comme le montre l'extrait de Philomèle, tandis que Rameau ne cesse d'innover. Jean‑Jacques Rousseau commit pour Marie Fel, qui avait tenu le rôle principal féminin du Devin du village, un Salve Regina d'une exemplaire platitude, mélodie banale et bien peu émouvante, sur un sujet pourtant touchant. Pure splendeur, en revanche, que les extraits du Laudote pueri de Fiocco. Toutes ces pages tracent un portrait éloquent de l'art de Marie Fel, habile dans l'art subtil de la déclamation française, mais tout aussi experte dans la virtuosité, grâce à l'enseignement de la soprano italienne Christina Sornis ‑ quels oiseaux babilleront aussi joliment que les « Gasouillats auzeléts» de Daphnis et Alcimadure, opéra en occitan de Mondonville ?

La seule réserve qu'on puisse apporter à cet enregistrement, gravé en studio, en 2013, vient de la direction de Jeffrey Skidmore ; on ne peut nier son élan et sa générosité, mais on apprécie moins sa raideur quasi militaire, y compris dans l'utilisation des croches inégales. C'est d'autant plus regrettable que Carolyn Sampson aborde ce répertoire avec un art consommé, une belle maîtrise de l'ornementation et de la vocalisation, une déclamation soignée mais sans emphase, une élocution française très travaillée, et une voix suffisamment corsée et fruitée pour que les airs sacrés ne tombent pas dans la sensiblerie. La fine musicalité de la soprano britannique nourrit une expression toujours juste et sans apprêt. Elle réveille avec charme le souvenir de celle que Voltaire appelait son «très aimable rossignol ».

 

 


 

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