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Diapason # 638 (09/2015)
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Cypres
CYP1672




 

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin

 

Nous avions quitté Béatrice Martin sur un album de concertos de Bach salué par un Diapason d'or (cf, no 589), réalisation d'autant plus précieuse que cette magnifique claveciniste visite rarement les studios en solo (mais régulièrement avec Les Arts florissants et Les Folies Françoises). Elle réunit cette fois dans un programme très séduisant des pièces qui respirent l'exotisme à la cour de France, de la fin du XVIIe siècle au XVIIIe. L'expansion coloniale et l'exploration de nouveaux continents trouvent un écho dans la littérature (traduction des Mille et une nuits en 1706) mais également les arts décoratifs et la musique. L'acajou et le palissandre touchent la vue, les laques s'ornent de chinoiseries en tous genres, la musique va enflammer les imaginations et faire naître une passion pour les horizons lointains. C'est curieusement le premier récital au clavecin construit sur cette thématique fertile, qui laisse un vaste choix à l'interprète.

 

Béatrice Martin poursuit sous deux formes sa quête de l'étrange, d'abord par le pouvoir évocateur des titres (L'Egyptienne, La Marche des Scythes, Les Chinois) et bien sûr par la mise en lumière d'une matière musicale parfois très expérimentale. Les progressions inouïes de L'Enharmonique, les contours hérissés des Chinois, l'énergie sauvage de la Marche des Scythes, sont vivement colorés.

 

Le Couchet de 1645 mis au « grand ravalement » par Blanchet en 1720 est capté dans toute sa richesse harmonique. Il permet à l'artiste de déployer une palette de toucher impressionnante, une vraie narration, et lui suggère, pour sonner et chanter pleinement, des tempos assez mesurés. Par exemple dans la passacaille d’Armide, qui déploie avec grâce et persuasion l'abondante ornementation retouchée par D’Angelbert, et l'inscrit dans une structure éloquente. Les Chinois dansent avec un admirable sens de la stylisation rythmique, les pages de Rameau, très justes et incarnées, ne dépareraient pas une intégrale du plus haut niveau. Mais c'est dans les pièces « de sentiment » que se dévoile l'intense expressivité de Béatrice Martin. Ces Pavots au jeu de luth presque hypnotiques, cette Sensible grave et soucieuse sont les joyaux d'un récitai ambitieux et passionné.

 

 

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