Texte paru dans: / Appeared in:
*
 

Diapason # 709 (03/2022)
Pour s'abonner / Subscription information


Erato 9029646515
   




 Code-barres / Barcode : 0190296465154


Outil de traduction
Translator tool

Analyste: Anne Ibos-Augé
 

Eclectisme. Voilà un bel axiome chez Joyce DiDonato dont les programmes déroulent opera seria, chansons ou musique de chambre. Elle y ose les relectures, gourmande de couleurs et de sensations nouvelles, les créations.

L'album se veut, nous dit-elle, « une invitation à renouer avec la perfection du monde qui nous entoure », « un appel à vérifier si notre souffrance collective n'est pas liée à ce qui nous sépare douloureusement de quelque chose d'originel », enfin « un étincelant voyage musical à travers les siècles pour retrouver ou créer à partir d'eux un nouvel Eden ». Dans ce vaste jardin des délices, qui s'étend du baroque au XXIe siècle, humanité et nature dialogueront donc inlassablement.

Les questions de Ives et de Portman s'appellent l'une l'autre. « Éternellement existentielle », la première est - c'est osé mais parfaitement convaincant - transposée à la voix. La seconde, commande de la mezzo ici créée au disque, invoque la nature en une musique discrètement postmoderne ; la voix y prend corps dans la texture instrumentale, et inversement. D'autres dialogues s'instaurent çà et là : celui du souffle des vents et de la voix, osmose absolue du son et la respiration (Copland) ; celui de l'harmonie (Valentini), exquisement joué par les instruments qui imitent leurs tonalités homonymes pour mieux s'effacer jusqu'au renoncement.

Le romantisme de Mahler et Wagner narre la tendresse et la douleur d'un paradis perdu, souvenir du parfum des tilleuls et de l'amour (Ich atmet' einen linden Duft) ou abandon au monde (Ich bin der Welt abhanden gekommen). Dans les Wesendonck Lieder, désespoir et passion se confondent en une tension palpable. La voix prolonge naturellement l'orchestre, surgissant de lui comme un instrument que l'on n'attendait plus.

Joyce DiDonato est partout souveraine.

Aussi à l'aise avec grand orchestre qu'en formation restreinte, son mezzo vivant et lumineux se tient au plus près d'un texte toujours parfaitement énoncé, quelquefois parlando (Marini, Gluck), vocalisé avec une infinie délicatesse (Handel, Marini) ou davantage d'ardeur (Myslivecek, Gluck).

Rien n'est ici redondant : le vibrato s'oublie ponctuellement au profit de longues tenues quasi instrumentales, voire détimbrées (Handel) ; tout est au service d'une musique qui se révèle ainsi évidence. La direction de Maxim Emelyanychev est incisive, toujours respectueuse de la partition et des interprètes, tirant le meilleur d'un orchestre dont les limites se font un peu sentir çà et là, sans jamais être rédhibitoires. Après l'opéra Agrippina (au disque, cf. no 687) et, toujours de Handel, l'oratorio Theodora (en tournée), ce voyage au « paradis » confirme la complicité, partout sensible, qui lie le chef et l'ensemble à la mezzo, soleil radieux de cet Eden perdu…et retrouvé.


Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant
à Presto Classical
(Bouton en haut à gauche)

Livraison mondiale



 

Choose your country and currency when reaching
Presto Classical
(Upper left corner)

Worldwide delivery

 
   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews