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Classica # 135 (09/2011)
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ALIA VOX
AVSA9882(2CD)
Code-barres/Barcode: 7619986398822
Le nouveau Louis d’or de Savall
JORDI SAVALL ET LE CONCERT DES NATIONS SUBLIMENT DES PETITS JOYAUX BAROQUES CISELÉS PAR JEAN-PHILIPPE RAMEAU.
Rousset, Minkowski, Brüggen ou Gardiner: nombreux sont les chefs baroques à avoir payé tribut à Jean-Philippe Rameau, le musicien le plus expérimental du XVIIIe siècle. Jordi Savall a entrepris depuis quelques volumes une exploration de l’orchestre français : Louis XIII, Louis XIV et à présent Louis XV. L’an dernier vit paraître un hommage au Concert Spirituel où figuraient déjà quelques pages des Indes Galantes. Voici un Rameau bien plus audacieux : Naïs, Zoroastre, Les Boréades. Interprétation impeccable, évidemment a-t- on envie de dire, tant tout ce que dirige le Catalan concentre à la fois le prodigieux et le naturel. Il propose des audaces de rythmes qui surprendront. Ainsi les Gavottes des Boréades, d’habitude languides, sont d’une fluidité vivace tandis que les tambourins de Naïs choisissent la langueur. Mais cet exceptionnel symphoniste qu’est Rameau mérite bien qu’on dérange ses habitudes tant il aime brusquer les codes. Savall nous fait tout entendre : la lisibilité des parties de cordes, encore lullystes dans leurs parties et déjà Mannheim dans leur âpreté, les textures des musettes suaves, les silences, les discontinuités (la sarabande de Naïs), sans omettre un sophistiqué travail de percussions (Pedro Estevan, magistral dans Les Vents). Ces suites, enregistrées à Cardona et Metz, bénéficient d’une réverbération qui donne de l’ampleur aux couleurs de l’orchestre rocaille, changeant et sophistiqué. Pour ce faire, Savall ne dirige pas uniquement la crème de ses solistes habituels (Kraemer, Hantaï, Pique) mais aussi les jeunes talents de la Fondation Centre International de Musique Ancienne de Barcelone. On rêverait à présent que Jordi Savall, basé dans les Corbières avec ses rencontres de Fontfroide, s’intéresse au natif local, Joseph Casanéa de Mondonville, dont les grands motets, les ballets et les sonates ont autant de vertu que l’art de Rameau.
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